L'ancien français est une langue flexionnelle, c'est-à-dire qu'en plus de varier en genre et en nombre, les syntagmes nominaux (substantif ou pronom + leurs compléments) prennent une marque selon leur fonction grammaticale, chacune correspondant à un cas.
Le système casuel de l'ancien français ne discerne que deux types de fonctions :
CAS SUJET = sujet, attribut du sujet, apostrophe, interjection.
Remarque : Certains mots connaissent deux formes de cas régime.CAS RÉGIME = toutes les autres fonctions.
Latin
Ces deux cas sont un héritage du système casuel latin.
Le système de déclinaisons du latin archaïque connaissait sept cas ; le latin classique en a conservé six (le locatif ne subsistant que dans quelques locutions) :
Nominatif = sujet, attribut du sujet.Vocatif = apostrophe, interjection.Accusatif = complément d'objet direct.Génitif = complément du nom.Datif = complément d'objet indirect ou second.Ablatif = compléments circonstanciels.
Le latin vulgaire dont est issu l'ancien français voit ce système se simplifier :
• d'importantes mutations phonétiques créent des homophonies : les cas ne sont plus toujours reconnaissables à leur forme.
• le nominatif et l'accusatif étant beaucoup plus fréquemment utilisés que les autres cas, ceux-ci s'alignèrent progressivement sur leurs déclinaisons :
- le vocatif se confondit avec le nominatif (> cas sujet)
- le génitif, le datif et l'ablatif se confondirent avec l'accusatif (> cas régime).
Ancien français
Le système casuel de l'ancien français est un modèle théorique :
• il n'était pas perçu comme une norme : les locuteurs y faisaient de nombreuses entorses, à l'oral comme à l'écrit.
• le respect du système casuel est allé s'amenuisant au fil des siècles, car le processus de neutralisation des formes les moins utilisées s'est poursuivi :
- le cas sujet s'est aligné sur le cas régime (correspondant aux fonctions les plus nombreuses et les plus fréquentes)
- les déclinaisons les moins usitées se sont confondues avec les plus courantes.
• malgré une logique commune, les usages variaient d'une région à une autre, l'ancien français désignant un ensemble de dialectes et non une langue homogène.
Français moderne
Pour la majorité des classes de mots, l'alignement morphologique rend le système casuel inopérant en français moderne, qui s'est orienté vers une syntaxe analytique.
Il reste toutefois des reliquats de déclinaisons : les pronoms personnels (je, me, moi) et les pronoms relatifs (qui, que, quoi, dont, où) changent de forme selon leur fonction grammaticale.
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Auteur : O. Lanciaux
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